Nous vivons dans les marges.
D’un bien curieux cahier.
Noirci par le sang d’encre.
Des poètes oubliés.

Nous nous taisons à tue-tête.
Depuis un bon moment.
Il est grand temps.
Que les petits reversent les géants.

Nous vivons entre les lignes.
Des mains et des contrats.
Bien à l’affût des signes.
Des « Bonjour, nous r’voilà! »

Nous vivons effacés.
Au fond des trous de mémoires.
Et d’un seul trait rayés.
Des grandes pages de l’Histoire.

Nous vivons par la plume.
Des esprits les plus fous.
Les génies dans la brume.
Qui n’ont plus peur du tout.

Nous sommes les mots qui résistent.
Les idéaux qui subsistent.
Le noir sur les nuits blanches.
Les p’tits jeux de mots du dimanche.

Nous sommes les mots qui existent.
Mal-aimés sur la black-list.
Le fond de votre pensée.
Nous sommes les mots insensés.

Nous combattons la Bête.
Depuis bien trop longtemps.
Pour lâcher prise.
Et puis mourir tranquillement.

Nous sommes les mots.
De face, de dos.
Tout bas, tout haut.
Nous sommes les mots.

Les maux de dos.
La mort, l’impôt.
Les laids, les beaux.
Nous sommes les mots.

Le feu et l’eau.
Le son, l’echo.
Les vrais, les faux.
Nous sommes les mots.

Nous sommes les mots.
Le cri des animaux.
Gravés sur la peau.
Nous sommes les mots.

Nous sommes les mots.
Les p’tits, les gros.
D’amour de passe.
Nous sommes les mots.

Les demi-mots.
Les mots croisés.
Les mots cachés.
Nous sommes les mots.

Les sages, les sots.
Les p’tits mots de trop.
Qui font défaut.
Nous sommes les mots.

Nous sommes les mots.
Le cri des animaux.
Gravés sur la peau.
Nous sommes les mots.