Par Sophie Ouimet (Espion de Quartier)

Jouer à la Saint-Jean, d’une certaine façon, c’est un rêve de p’tit gars devenu réalité! Comme un jeune Québécois qui jouerait son premier match des séries au Centre Bell dans l’uniforme des Canadiens, le faire devant ma famille et mes amis m’a évidemment rempli de fierté. Un grand moment dans mon parcours de gosseux de chansons!

 L’an dernier, le Terrebonnien Toby Laflamme a connu sa première expérience de la Fête nationale sur scène, lors des célébrations à l’Île-des-Moulins. Une belle occasion de marquer l’imaginaire de ses concitoyens en les entraînant dans son univers coloré, où tout peut arriver.

Espion de Quartier : Comment as-tu trouvé ton expérience de l’an dernier? Qu’est-ce que ça a représenté pour toi?

Toby Laflamme : J’ai adoré l’expérience bien qu’elle fut extrêmement stressante et exigeante du point de vue de la préparation. Je ne voulais rien laisser au hasard et, puisque j’étais seul avec ma guitare sur scène, je me devais d’assurer mes arrières. Au final, je suis très content de l’avoir fait et, dans l’ensemble, ça s’est très bien passé.

Aussi, en tant qu’indépendantiste convaincu et amoureux de la langue française, jouer un 23 juin a une symbolique particulière pour moi. Un peu comme si je contribuais, à ma façon, à faire rayonner notre culture si forte et si riche.

EdQ : Pour toi, cette fête est donc beaucoup plus qu’une occasion de donner un spectacle!

TL : Depuis plus de 180 ans, cette fête nous donne l’occasion de nous rassembler, de célébrer notre singularité et notre diversité culturelle. Je crois qu’elle est très importante à une époque où le cynisme est ambiant et où les objectifs communs manquent cruellement. Mais bon, on ne se le cachera pas, c’est aussi un prétexte en or pour se fendre la poire et voir de bons shows! Faut bien changer le mal de place!

EdQ : As-tu toujours eu la même mentalité par rapport à tout ça?

TL : Ça a évolué avec les années, à mesure que mes convictions politiques ont pris le dessus sur mes idéaux naïfs de jeune citoyen du monde. Aujourd’hui, je comprends que cette fête est l’un des derniers bastions contre cette idée de plus en plus répandue que nous sommes un petit peuple. Soyons fiers et solidaires!

EdQ : Comme tu viens de Terrebonne, es-tu un habitué des spectacles de la Saint-Jean de l’Île-des-Moulins? Aurais-tu des souvenirs ou des anecdotes à raconter?

TL : Oui, d’aussi loin que je me souvienne, je suis toujours allé jeter un œil aux spectacles de la Saint-Jean d’ici. Malheureusement, mes souvenirs sont passablement embrouillés par les bons moments que j’y ai vécus, si vous voyez ce que je veux dire.

EdQ : Le spectacle de l’Île-des-Moulins n’est pas aussi important que celui de Montréal ou de Québec. Quel est l’intérêt des événements de plus petite envergure?

TL : L’intérêt réside dans le fait qu’on peut facilement y croiser voisins et amis, en plus d’avoir la chance de faire des découvertes musicales à saveur locale, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans les festivités à grand déploiement. Et puis, il est plus simple de se rendre à la maison en toute sécurité après les célébrations!

EdQ : À ton avis, qu’est-ce qui caractérise la Fête nationale à Terrebonne, et à Mascouche, si tu peux y répondre?

TL : Malgré les coupures drastiques dans leurs budgets au cours des dernières années, les organisateurs de la Fête nationale de la région des Moulins trouvent toujours le moyen d’attirer les grosses pointures de l’industrie musicale, en plus d’offrir une panoplie d’activités familiales gratuites pour célébrer le Québec. Sur ce point, je crois que nous n’avons rien à envier aux plus grandes villes!

EdQ : Quels sont selon toi les ingrédients à réunir pour un bon spectacle de la Saint-Jean, et existe-t-il des chansons incontournables à interpréter?

TL : À mon avis, un bon spectacle de la Saint-Jean se doit d’être divertissant, inclusif, fédérateur et festif. L’ultime défi est de trouver un équilibre entre tradition et modernité, tout en évitant de tomber dans les clichés.

Concernant les incontournables, une Saint-Jean ne serait pas une Saint-Jean sans Gens du pays de Gilles Vigneault ou Heureux d’un printemps de Paul Piché, mais je crois qu’avec les années, des chansons comme Juste une p’tite nuite des Colocs, En berne des Cowboys Fringants et Isabelle de Jean Leloup se sont taillé une place de choix dans le cœur des Québécois. Et pourquoi pas Corps étrangers de Toby Laflamme, tiens!

EdQ : Actuellement, as-tu des plans pour la Fête nationale de 2017?

TL : Bah, je risque fortement de déambuler dans les rues du Vieux-Terrebonne avec des copains, afin de prendre le pouls de la fête et de me rappeler avec un brin de nostalgie qu’à pareille date l’an dernier, je vivais un moment phare de ma « carrière » d’auteur-compositeur-interprète.

EdQ : Justement, concernant ta carrière, as-tu des projets à annoncer?

TL : Je viens tout juste de signer une entente avec la jeune étiquette Les Productions Picardesques. Nous travaillons présentement sur un vidéoclip et une tournée de spectacles. Je planche également sur de nouvelles compositions en vue d’un deuxième album.

Je viens de lancer ma page Facebook (http://www.facebook.com/gosseuxdechansons), alors allez donc l’aimer question de ne rien manquer!

En vrac…

La plus belle chanson québécoise? Ouf, c’est difficile. À frette comme ça, j’irais pour Le tour de l’île de Félix Leclerc. Karkwa en a aussi fait une très belle reprise.

Les plus grands artistes québécois? Robert Lepage, Richard Desjardins, Jean Leloup, Dédé Fortin, Leonard Cohen et André Forcier, pour ne nommer que ceux-là.

Comment décrire le Québec et sa culture en un mot? Je dirais que la culture québécoise est à l’image de son peuple : distincte, diversifiée, créative et chaleureuse.

Crédit photo : Marie-Ève Rompré